mardi 12 février 2008

La peur est un sentiment naturel qui accompagne la prise de conscience d’un danger. En ce sens la peur est utile et il est nécessaire de l’accepter comme une occurrence logique et fructueuse. Cette acceptation est d’une grande importance pour la sauvegarde de l’intégrité physique et intellectuelle de celui qui la ressent car elle le protège d’un état de peur panique et irraisonnée. Je parle d’expérience : les longues traversées dans la banquise et les tempêtes des mers du sud m’ont souvent mis dans des situations de danger qui ont certes créé un état d’anxiété pleinement ressenti. Mais comme je n’ai jamais éprouvé cette anxiété comme une manifestation irrationnelle, elle n’a pas pu perturber ma capacité de juger et d’agir. Ainsi je n’ai pas connu la peur d’avoir peur et préservé de ce premier pas vers la panique, j’ai toujours pu faire face aux aléas avec la totalité de mes moyens.





Souvent j’entends dire que l’un ou l’autre n’a peur de rien. Cela me fait sourire. Seul un inconscient peut soutenir cela. Les origines d’un danger éventuel sont trop diverses pour que l’on puisse prétendre pouvoir les gérer avec certitude. Prisonnier de la banquise comment pourrait-on empêcher la destruction de navire suite aux énormes pressions qui peuvent s’exercer sur la coque et comment alors pourrait-on être certains de s’en sortir vivant ? Seul l’acceptation sereine de cette éventualité et de l’anxiété normale conséquemment ressentie, peuvent permettre de choisir et de préparer dans le calme la meilleure solution de survie.

Ce n’est là qu’un exemple parmi d’autres. L’affolement, qui souvent fait suite à l’imprévision d’une occurrence, tue plus certainement que le danger lui-même. Seul l’identification précise des aléas présents et le choix raisonné des mesures à prendre peuvent s’opposer à la peur panique qui naît dans l’effroi subit que peut entraîner un danger imprévu.

Tout imprévu crée une situation nouvelle qui n’est pas nécessairement dangereuse, mais peut l’être. Une connaissance approfondie des aléas auxquels une action nous expose et la prévision des façons possibles de leur faire face réduisent d’autant les situations de risque. Se lancer dans une aventure sans en connaître les périls et leurs remèdes c’est s’exposer à une cause possible d’affolement et à une déficiente gestion de l’anxiété. L’apprentissage sur le tas à ses avantages mais une connaissance initiale en diminue les risques. Pour toute entreprise, c’est le degré d’inconnu à affronter, qui hypothèque sa réussite.

Accepter la peur est d’autant plus facile lorsque les implications du danger sont clairement identifiées. Nous savons tous que la peur est plus présente dans le noir parce que l’éventuel danger est invisible. Il faut donc tenter de savoir à quoi l’on s’expose. C’est une composante importante dans l’étude de tout projet.

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