lundi 11 février 2008

La liberté

Souvent, seul à bord au cours de mes voyages, j’ai bénéficié d’une très grande liberté.

D’emblée, j’ai trouvé naturel de devoir accepter les restrictions imposées par l’environnement.

Très vite aussi, j’ai pris conscience de devoir consentir à d’autres restrictions. Ainsi, pour conserver une bonne image de moi, je m’obligeais à être propre et rasé de frais.
Je devais prendre le temps de me nourrir à une table dressée et à heure fixe. Horaire particulièrement difficile à observer dans les hautes latitudes, alors que le rythme naturel, alternant le jour et la nuit, à disparu, mais indispensable pour le maintient des cycles biologiques.
Après le repas, aucune vaisselle ne pouvait traîner de peur de se briser dans un coup de roulis. Le bateau lui aussi exigeait de l’attention et des travaux d’entretien réguliers étaient indispensables.

Bref, conscient des multiples nécessités. J’éprouvais l’obligation de leur faire face afin de rester digne à mes yeux. Je ressentais l’importance d’éviter les reproches intérieurs et l’urgence de conserver une santé mentale apte à mobiliser l’entièreté de mes ressources si besoin était.

La liberté, ainsi, me semblait se réduire à une peau de chagrin.

Toutefois, ce n’est que faute de ne l’avoir pas correctement définie. La liberté ne permet pas de faire tout à sa guise. Elle ne pourrait d’ailleurs pas se conserver ainsi.

Alors, j’ai vite compris que la vraie liberté n’est rien de plus que le droit de se contraindre soi-même. Mais c’est là une immense liberté : la plus belle, celle qui nous élève au rang d’adulte.

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